Manuel de Diéguez
1 - L'accord du 24 mars 2013 avec l'Iran
2 - La résistance des juifs de France
3 - Spinoza, Bergson, Freud et Einstein
4 - Un Etat souterrain
5 - L'éthique du monde et les barbares de la démocratie
6 - L'incohérence de la politique contemporaine
7 - L'approfondissement de la politologie
8 - M. Laurent Fabius et la morale
1 - L'accord du 24 mars 2013 avec l'Iran
La semaine dernière, j'ai tenté d'aplanir quelque peu les sentiers d'un géant de l'histoire universelle, l'Evidence. Ce mastodonte, disais-je, allait débarquer en souverain sur la scène internationale, ce monarque monterait sur les planches sitôt que le rideau de fumée de la guerre évitée de justesse en Syrie placerait les relations d'Israël avec l'Iran et avec le reste du monde au premier rang des acteurs internationaux. De surcroît les évènements n'ont pas manqué de confirmer une autre évidence, à savoir que Sa Majesté le Bon Sens s'avance aux côtés de ses prophètes, dont les serviettes débordent de constats banals.
Mais puisque l'accord que la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l'Allemagne et la France ont conclu avec l'Iran le 24 novembre 2013 déclenchera fatalement une guerre titanesque, celle qu'Israël déclarera au reste de l'univers, il importe de passer en revue les forces en présence et de décrire les premières opérations militaires sur le théâtre du destin de la planète tout entière. Quelle sera l'issue de ce conflit de Titans sous l'œil courroucé d'Israël? Mais une question préalable se pose aux belligérants : comment les autres peuples de la terre se résigneraient-ils confier la défense de leurs intérêts nationaux à des représentants cachés de l'Etat d'Israël? Et si cette absurdité se trouvait exclue sous la plume de tous les stratèges des Etats souverains, n'auraient-ils pas un intérêt vital à commencer par distinguer clairement les thuriféraires inconditionnels d'Israël campés sur leurs deux jambes d'un côté de la population de la judaïté nationale, de l'autre, qui n'est nullement solidaire ou complice des phalanges d'Israël au sein de toutes les patries du globe terrestre et qui, sitôt qu'on consent à lui donner la parole, s'indigne haut et fort de se trouver prise en otages par Israël sur le sol de leur pays.
2 - La résistance des juifs de France
Exemple : il y a deux ans, une phalange célèbre de juifs français, dont MM. Finkielkraut, Pascal Bruckner, BHL et Olivier Nora, directeur de Grasset et de Fayard, ont signé dans Le Monde une déclaration d'allégeance inconditionnelle à la défense des intérêts territoriaux et guerriers d'Israël, mais pour ajouter, aussitôt, que l'intérêt supérieur, donc seul réel, de l'Etat hébreu était justement de ne pas encourager les juifs de la diaspora à soutenir fanatiquement l'expansion armée et cruelle d'Israël dans les territoires occupés au Moyen Orient, et notamment la colonisation sauvage de Jérusalem et de la Cisjordanie.
Trois jours plus tard, le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) publiait dans Le Monde une violente protestation contre une défection des signataires aussi traîtresse à ses yeux, parce qu'une identité juive qui se fonderait sur les principes abstraits, donc solennellement universalisés de 1789 n'était jamais qu'une construction superficielle et artificielle - il ne s'agissait que d'un panier vide et à remplir d'aliments consommables, donc d'"identités fortes" et nécessairement fondées sur la possession d'une terre ancestrale, sur des traditions ethniques et religieuses multimillénaires et sur un sentiment d'appartenance corps et âme à un peuple déterminé et dûment reconnaissable en tant que tel.