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jeudi 1 mars 2012

Khader Adnan - Réponse du quai d’Orsay

Publié le 29 février 2012 sur le site france-palestine.org

Le Directeur Afrique du Nord et Moyen-​​Orient du ministère français des Affaires étran­gères répond à une lettre du groupe de travail pri­son­niers de l’AFPS.

Monsieur,

Vous avez bien voulu appeler l’attention du Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étran­gères et euro­péennes sur la situation de M. Khader Adnan, pri­sonnier pales­tinien incarcéré en Israël en grève de la faim depuis le len­demain de son arres­tation. Nous avons suivi ce cas avec attention en raison des risques d’une dégra­dation rapide de son état de santé. Notre ambas­sadeur à Tel-​​Aviv est intervenu auprès des auto­rités israé­liennes et M. Pierre Lel­louche, secré­taire d’Etat au com­merce exté­rieur, en visite en Israël et dans les Ter­ri­toires pales­ti­niens, a exprimé publi­quement le 16 février notre souhait que les auto­rités israé­liennes fassent un geste en faveur de M. Adnan.

L’Union euro­péenne s’est pareillement mobi­lisée et la Haute repré­sen­tante pour les Affaires étran­gères, Catherine Ashton, a appelé dans sa décla­ration du 18 février les auto­rités Israé­liennes à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour pré­server la santé de M. Adnan et a réitéré ses pré­oc­cu­pa­tions quant à l’usage fait par Israël du système de détention admi­nis­trative. La question des « déten­tions admi­nis­tra­tives » figure parmi les sujets portant sur les droits de l’Homme qui sont évoqués dans le cadre du dia­logue entre l’Union euro­péenne et Israël.

De manière générale, la France rap­pelle que la détention admi­nis­trative doit rester une mesure d’exception, d’une durée limitée et dont la mise en œuvre assure le respect des garanties fon­da­men­tales, en par­ti­culier les droits de la défense du détenu.

Nous nous féli­citons qu’un accord ait pu être trouvé le 21 février entre les auto­rités israé­liennes et M. Adnan, conduisant celui-​​ci à cesser sa grève de la faim.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’assurance de ma haute considération.

Patrice Paoli

URL du billet: http://www.france-palestine.org/Khader-Adnan-Reponse-du-quai-d


Et maintenant que Mr le Directeur Afrique du Nord et Moyen-​​Orient du ministère français des Affaires étrangères a trouvé une occasion en or de nous baratiner sur la très risible prétendue « mobilisation » française et européenne en faveur de Khader Adnan, un Palestinien, emprisonné arbitrairement dans le cadre de l’inique détention administrative israélienne et de se féliciter de ce « qu’un accord ait pu être trouvé le 21 février entre les autorités israéliennes et M. Adnan, conduisant celui-​​ci à cesser sa grève de la faim » qu’est-ce qu’on est censé faire ?! Retourner tranquillement pousser le caddie au supermarché ?!

Cet homme, Khader Adnan, a été enlevé le 17 décembre dernier par les forces d’occupation sioniste criminelle juste parce que l’entité sioniste a fait de lui une  de ses cibles sur laquelle il lui faut s’acharner au même titre que sur des centaines d’autres résistants palestiniens héroïques (tant le courage dont ces derniers font preuve ne peut manquer d’interpeler grandement les consciences de ceux qui appartiennent encore au genre humain avec tout ce que cela sous-entend de valeurs morales qui lui sont attachées.)

Au nom de quelles lois démocratiques, Khader Adnan et 309 autres Palestiniens croupissent-ils sous la torture, en isolement dans les geôles sionistes alors qu’aucune charge ne pèse contre eux ?

Au nom de quelles lois démocratiques, des Khader Adnan, des Hana’Ash-Shalab, les 24 membres du Conseil législatif palestinien sont-ils privés ainsi arbitrairement de leur liberté sacrée ?

Au nom de quelles lois démocratiques, 86 détenus palestiniens en détention administrative, soit environ 26 % du total, ont été maintenus en détention administrative pour des périodes de six mois à un an ; 88 autres (28,5 %) pour des périodes de un à deux ans et que pas moins de 16 Palestiniens ont été détenus sous ce régime pendant deux à quatre ans et demi ? (source B’etselem) Au nom de quoi le prisonnier Ahmad Saker (qui est considéré comme le plus ancien prisonnier sous détention administrative israélienne ) a été arrêté trois fois de suite et a passé ainsi 12 ans dans les prisons israéliennes ?

Si Adnan et ses compagnons, tous les scandaleuses victimes de l’abjecte guerre psychologique menée par l’entité sioniste illégitime étaient dangereux au point d’être incarcérés sans charge ni procès, au nom de quoi peuvent-ils être relâchés sans que la fameuses justice démocratique sioniste n’ait à parler?! Et si aucune charge ne pèse contre eux, pourquoi sont-ils enlevés et retenus prisonniers comme les coupables qu’ils ne sont pas ?!

Nous sommes étonnés de ce que Mr le Directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient du ministère français des Affaires étrangères trouve des raisons de se réjouir ; pour notre part, nous n’en trouvons AUCUNE ! Au contraire, nous n'avons que des raisons de nous alarmer de ce que l'usage de la détention administrative est en constante augmentation! (20 000 Palestiniens l'ont subie depuis l'année 2000 selon les dires de Randa Adnan, l'épouse de Khader Adnan dans l'interview téléphonique qu'elle nous a accordé il y a de cela quelques jours!)

Ce 1er mars 2012 Khader Adnan qui est en convalescence après avoir subi une intervention chirurgicale aux intestins est toujours en détention administrative! Sa victoire  obtenue après ses 66 jours de grève de la faim : avoir fait en sorte qu’elle ne soit pas renouvelée après avril, date de son expiration. C’est une victoire au sens où l’accord a permis tout simplement de préserver la vie d’un homme innocent, mais cela ne peut être considéré comme une victoire pour le peuple palestinien résistant, puisque pendant longtemps encore, il devra subir cette forme d’oppression qui n’a strictement aucune place dans un ETAT DEMOCRATIQUE Mr le Directeur puisqu’il s’agit-là d’un abject simulacre de justice !

En ce 1er mars 2012 comment se réjouir quand

La sinistre réalité qui elle seule est à considérer, est que cet homme innocent, N’EST TOUJOURS PAS LIBRE et que jusqu’au 17 avril, il va demeurer sous le joug de l’oppression et de la répression sioniste !

L’odieuse réalité est que Hana’Ash-Shalabi est en grève de la faim elle aussi depuis 15 jours pour dénoncer sa propre détention administrative et que 309 Palestiniens vivent également cette infamie !

L’amère réalité est que les hommes politiques de la planète gardent le silence contre cette pratique illégale pour ne pas provoquer le gourou de leurs maîtres et de leurs sympathisants si menaçants, et que lorsqu’un d’entre eux, comme Mr le Directeur, se décide à parler (parce qu’il ne pouvait pas se dérober…), il se sent autorisé à écrire des inepties du genre :

« la France rappelle que la détention administrative doit rester une mesure d’exception, d’une durée limitée et dont la mise en œuvre assure le respect des garanties fondamentales, en particulier les droits de la défense du détenu »

Et ce, alors que Mr le Directeur ne peut ignorer qu’en usant de la détention administrative Israël viole de nombreuses lois internationales fondamentales pour le respect des droits de l'homme (de tous les hommes y compris les Palestiniens!) dont la Quatrième Convention de Genève.

Parce qu’il ne fait aucun doute pour nous, que Mr le Directeur

ne peut ignorer « qu’Israël utilise à sa guise "détention administrative" sans inculpation ou jugement. »

ne peut ignorer « que les autorités occupantes israéliennes n'ont pas l'intention de faire juger ces personnes, affirmant que ces détenus représentent un "risque de sécurité" » (même si l’Etat hébreu qui se déclare en «état d’urgence » depuis 1948, anesthésie les consciences du monde en déclarant qu’il  peut déroger tout à fait légalement à certaines règles internationales pour garantir sa propre survie.)

ne peut ignorer « que ni les détenus ni leurs avocats sont informés pourquoi et comment ces détenus représentent un risque pour la sécurité d’Israël. »

ne peut ignorer « que l’'ordre de détention administrative est donné par le Gouvernement militaire pour une période de six mois, et il est souvent prolongé peu de temps avant le terme de six mois. Cette procédure peut être répétée sans fin. » 

ne peut ignorer « que les souffrances mentales causées par le fait d'ignorer les raisons de la détention peuvent représenter une  forme de torture comme le confirme la Convention Contre la Torture des Nations Unies. Ces longues détentions sans inculpation ou jugement constituent une "détention arbitraire" qui est une violation de la Convention Internationale des Droits Civils et Politiques (Article 9(1)) et de la Déclaration Universelle des Droits Humains (Article 9). »

Alors Mr le directeur, toujours aussi réjoui, après lecture de cet indispensable rappel qui rétablit des vérités que vous avez cherché bien indignement à occulter !  

1 commentaire:

juste a dit…

Quel culot de la part de ce diplomate que d'oser se féliciter d'un si maigre butin pour ne pas dire un désastre: complication médicale de l'état de Khader Adnan, maintien de sa détention administrative jusqu'à son terme, maintien de l'utilisation de ces conditions de détention illégales et antidémocratiques à l'avenir, négligence de centaines de cas de palestiniens innocents qui vivent cette injustice absurde...
Sans parler des autres facettes de l'entité sioniste qui prônent les arrestations arbitraires, condamnation à base de "preuves secrètes", torture, éliminations et assassinats, confiscation de propriétés privés, colonisations et urbanisations illégales, le mur d'apartheid ou le mur de la honte...
Après tout cela, penseraient-ils toujours nous faire croire qu'israel est une démocratie?! C'est une vulgaire insulte à notre lucidité et notre intelligence!