« Soit les élites politiques et sociales encore saines prennent le leadership responsable d’une insurrection populaire qui gronde, comme tente de le faire avec lucidité et courage Saïd Sadi. Soit nous allons droit vers des actes d’agression, d’auto-défense et de chaos généralisé. » La « lucidité et le courage » exemplaires de son excellence le seigneur de l’éradication et de l’exclusion m’interpellent une fois que la manifestation organisée à Alger sous le balcon du siège du RCD a percuté mon regard pour le détourner de l’actualité tunisienne et lui faire voir de nouveau ce qui se trame en Algérie. Il s’agit juste d’un détour du regard mais les phénomènes sont idéologiquement, historiquement et géographiquement liés : la manipulation d’un peuple musulman, le déni de droit et de justice d’un peuple musulman que le colonialisme a séparé par des frontières pour le diviser et le soumettre à des prédateurs qui ne parlent ni sa langue ni ne pratiquent sa religion ni ne partagent ses souffrances et ses désirs. C’est comme détour et division qu’il faut voir et analyser la manifestation du RCD algérien c'est-à-dire une diversion ou une subversion à la révolution tunisienne et non une continuité ou un prolongement.
Le scénario de la subversion : La première lecture est que la France tente de reprendre en main ce qu’elle a perdu en Tunisie en appliquant mal le principe américain de la guerre préventive. La seconde lecture est que la France est dans le désarroi le plus total. Kouchner un spécialiste du droit de l’ingérence humanitaire a quitté le gouvernement après avoir détruit tout ce qui restait de la politique étrangère arabe de la France. Dans la première ou seconde lecture les vassaux idéologiques de la France passent à l'offensive pensant ainsi l’obliger à réagir en leur faveur et leur donner le pouvoir qu’elle a donné aux militaires en 1991 comme elle l’a donné aux DAF en 1962. La France n’a pas les moyens de réaliser en Algérie une révolution des oliviers, des orangers ou de plantacées exotiques d’Afrique du Nord car elle ne sait pas le faire, car ce n’est pas sa culture coloniale et elle n’a pas d’autres réseaux que ceux de la répression policière et militaire et de l’indigénat intellectuel et idéologique sans proximité sociale et politique avec le peuple algérien. Quand Christophe Barbier défend Ben Ali, abandonné par les Américains, contre les Barbus son regard et son discours sont orientés vers l'Algérie dont les oreilles à l'écoute de la France captent et décodent le message comme dit le dicton algérien « c’est moi qui suis visé même si le discours s’adresse à mon voisin » Le texte des « progressistes démocrates » convertis aux affaires, introduits dans le gouvernement algérien, son administration, son parlement, sa bureaucratie et sa rente économique sonne comme un avertissement, une intimidation à la France et un feu vert des relais franco berbéristes et franco éradicateurs au psychiatre algérien de jouer Néron brulant une seconde fois Rome. Quand on lit attentivement les textes préparant la manifestation, l’accompagnant ou la concluant on est frappé par la capacité des intellectuels organiques, que le peuple a rejeté dans tout processus électoral, à s'autoproclamer élite et s’adjuver le qualificatif de saine. En réalité, au-delà du lapsus révélateur de leur inconscience, ils font comme si le peuple algérien est immature et ne sait pas qu’ils sont des marionnettes que l'impérialisme à utilisé et jeté comme du papier toilette pour stopper le processus électoral et faire payer à l’Algérie le prix de la décennie rouge , de la décennie noire et de la décennie des immolations publiques . L'impérialisme a choisi le clan de l'armée car il représente le pouvoir réel et surtout la seule force capable de tenir tête aux islamistes en leur donnant le conseil, le renseignement et les armes. Les Français et les Américains n'ont pas voulu livrer le pays aux éradicateurs car l'armée fait le travail d'éradication mieux qu'eux et surtout l'analyse politique objective leur montre que les éradicateurs sans base populaire n’auront aucune légitimité pour gouverner un pays tel que l’Algérie. Le colonialisme sans état d’âme à confier l’exercice du pouvoir à une armée qui n’a pas de légitimité politique et qui va perdre la légitimité populaire de sa composition pourvu qu’elle se montre capable d’exercer le monopole de la violence des armes et de voler à son peuple toute légitimité. Mettre les éradicateurs au pouvoir et en première ligne c'était poussé l'Algérie à un embrasement généralisé. Le colonialisme connait l’Algérie et les Algériens et il a confiné les élites éradicatrices dans le rôle de seconds couteaux à travers les comités "patriotiques" et surtout à travers leurs relais de bureaucrate dans les postes clé de l'administration et de l’économie privatisée. L’enfant gâté de la France a-t-il les moyens politiques et idéologiques de s’imposer comme alternative au régime militaire algérien ? Est-ce qu’il est dans son intérêt politique et médiatique de passer aux première lignes et de faire face à la révolution algérienne qui va venir inévitablement dans une semaine, un mois, une année ou une décade ? La réponse est négative. Seule la panique devant la révolution tunisienne a fait sortir les pseudos démocrates algériens de leur mutisme et leur vacarme est une exigence médiatique pour leur survie politique. Dans ce scénario subversif il y a sans doute l’idée de provoquer un embrasement de l'Algérie qui apportera selon leur analyse médiocre soit un déplacement médiatique vers l'Algérie laissant le soin à la répression et à l'impérialisme de reprendre le contrôle de la rue tunisienne soit une prise de pouvoir en Algérie rééquilibrant le rapport de force entre la CIA et les services français et les intérêts économiques de l'impérialisme et de la nouvelle bourgeoisie algérienne. Ce scénario pourrait être crédible quand on voit la déliquescence du paysage islamique en Algérie éclaté entre l'inertie des salafistes algériens, l’irresponsabilité morale et religieuse des soufis algériens, l’entrisme et l’embourgeoisement de certains cadres du HAMAS, de la NAHDA et du FIS. Il devient encore plus crédible quand on voit l'incapacité des partisans du changement à faire un diagnostic et à aller vers un rassemblement fédérateur sinon à un clivage fondamental sur la liberté et la souveraineté du peuple. Le RCD peut avoir des ambitions qui dépasse sa stature quand il voit le champ politique algérien éclaté et les revendications se focaliser en termes d’appareils sans travail de profondeur pour faire naitre de nouveau le débat d’idée qui est la plateforme révolutionnaire du changement sinon la couverture pour accompagner et formaliser les émeutes, les révoltes, les insurrections récurrentes. En réalité les éradicateurs savent que le peuple algérien est musulman et au moment propice Allah fera émerger de la société algérienne des élites musulmanes probes et sincères qui vont le conduire au changement radical et qui sauront cette fois ci construire les alliances stratégiques et tactiques avec les nationalistes, les laïcs sur le même dénominateur commun : achever l’indépendance de l’Algérie, accorder la liberté au peuple algérien et honorer l’être algérien dans sous ses droits inaliénables qui garantissent sa dignité humaine, intellectuelle, sociale, politique, économique et culturelle… Le jour où le RCD prendrait le courage de venir s’excuser de ses dérapages catastrophiques et de ses trahisons contre le peuple algérien alors il sera peut-être devenu un parti crédible pour le peuple algérien. {Si Allah Avait Trouvé en eux quelque bien, Il les Aurait Fait entendre. Et même s’Il les Fait entendre, ils s’écarteraient en se détournant.} Al Anfal 23
Le scénario de la diversion : scénario le plus probable Quand on voit le lieu de la manifestation, sous le balcon du siège du RCD, on comprend le scénario joué maladroitement par un psychiatre et ses gardes fous qui font t de la politique comme s’ils manipulaient des névrosés sous tranquillisants. Le RCD et ceux qui subventionnent ses donneurs d’ordres financiers, médiatiques et bureaucratiques ont joué une pièce de vaudeville : occuper le terrain social et politique selon la stratégie de la lutte idéologique qui consiste à tuer une idée dans l’œuf, à contaminer une image en la mettant à proximité d’une image négative ou à faire porter un message par celui qui n’est pas digne de le porter. Nous sommes dans un scénario préventif imaginé par les décideurs algériens pour inciter les jeunes à ne pas se rassembler sous aucune bannière car toute bannière de contestation politique est contaminée par celle du RCD poussé à prendre l’initiative pour empêcher toute initiative crédible et efficace. Fakou ! Il y un dessein divin qui échappe à l’entendement du non croyant car ce dernier est privé de la lumière divine qui éclaire son œil spirituel et lui montre la vérité sous son aspect réelle et non telle qu’il veut qu’elle soit ou telle que ses maîtres veulent qu’elle soit. Le poète Abou Qacem Chebbi a laissé une belle poésie. Cette poésie ne sera efficace que si elle est actualisé dans sa signification spirituelle et métaphysique : ce n’est pas au destin de répondre aux peuples mais aux peuples de répondre à leur destin quand celui-ci les appelle à ce qui leur donne vie et dignité : {O vous qui devîntes croyants, répondez à l’Appel d’Allah et au Messager lorsqu’il vous incite à ce qui vous fait vivre. Et sachez qu’Allah Intervient entre l’Homme et son propre cœur, et que c’est vers Lui que vous serez conduits.} Al Anfal 24 La fin brutale et rapide de Ben Ali annonce d’autres changements aussi brutaux et aussi rapides avec peut être une forme de violence que la nature historique, géographique et psychologique va imposer avec plus de force et d’expression. Il est temps de revenir à la raison et de mettre les intérêts des peuples et de la nation avant les intérêts partisans, sectaires et prédateurs : {Répondez (favorablement) à votre Seigneur, avant que ne vienne un Jour qui ne sera point différé par Allah. Vous n’aurez point de refuge ce Jour-là, et vous n’aurez nul recours à quelque dénégation.} As Choura 47 Des grands noms de fils de martyrs et de déportés de la Révolution algérienne ont fait partie de cette manifestation et des instances dirigeantes de ce parti par parti pris idéologique ou par enthousiasme sans lucidité cela ne touche en rien à la gloire de leurs nom et à la grandeur de l’histoire de leur père dont les algériens sont redevables mais cela ne cache pas les millions anonymes de fils de martyrs et de déportés de la colonisation, de la guerre de libération et de la lutte contre l’oppression. Nos parents sont morts pour ce pays qu’Allah leur apporte sa miséricorde et qu’Il nous apporte la lucidité et le courage de défendre leur mémoire en étant du bon côté celui de la rectitude, de la bonne guidance et de la vérité. Le clivage n’est plus sur les harkis et les anciens combattants mais sur le devenir de l’Algérie : indépendante et honorée au service de tous ou vassale et déshonorée comme une prostituée travaillant pour une bande de proxénètes la démembrant comme chose à violer, à vendre et à mépriser. Le choix est clair si l’Algérie est vue comme une mère et ses enfants sont légitimes et vertueux et non des monstres ou des hypocrites qui sèment la corruption croyant que leurs stratagèmes sont infaillibles et invincibles : {Il est parmi les Hommes celui dont les paroles dans la vie terrestre te plaisent, qui prend Allah en témoin sur ses bonnes intentions, alors qu’il est le pire des ennemis ; et s’il se détourne, il s’évertue de par la terre pour y corrompre, détruire la récolte et le bétail, mais Allah n’Aime pas la corruption. Et si on lui dit : « Crains Allah », il est pris d’orgueil par sa coulpe. Que la Géhenne lui suffise donc, et quelles piètres couches !} {…les hypocrites ne comprennent pas. Ils disent : « Si nous retournons à al-Madinah, le plus puissant chassera sûrement le plus faible ». Et la Grandeur appartient à Allah, à Son Messager, et aux croyants, mais les hypocrites ne savent pas.} Efin Said Sadi et ses comparses ont joué la partition qui leur a été imparti dans une Algérie qui ne trompe que les crédules et les rentiers : il a eu autour de son balcon et de quelques dizaines de manifestants le théatre médiatique pour jouer une scène qui comme dit Bertold Brecht " on voit ceux qui sont sous la lumière mais on ne voit pas ceux qui sont dans l'ombre"
Le scénario subtil : Le scénario subtil que semble ne pas voir les élites arabes plongées dans les calculs d’appareils et les arrangements d’opportunisme je l’ai écrit dans mon livre « Gaza la Bataille du Forqane ». en page 165 : … et il est entrain de se dérouler sous nos yeux un peu partout dans le monde arabe et musulman sous une forme porteuse d’espoir ou sous une forme funeste selon la direction prise par la dynamique populaire :La Main de Dieu agit dans le mystère et par des voies imprévisibles qui dévoilent les menteurs et séparent le vrai du faux :
{Ainsi complotaient-ils, mais Dieu déjoua tous leurs complots, car Dieu maîtrise tous les stratagèmes.} al anfal 30
La bataille du Forqane a montré le fossé qui existe entre les peuples arabes et musulmans et leurs gouvernants. Le soutien à Gaza apporté par les islamistes, les nationalistes, les laïcs de gauche est un front anti régime arabe et musulman. Par leur silence devant le massacre de Gaza les dirigeants arabes ont perdu toute boussole et ont rompu tous les liens avec leurs peuples qui les identifient à Israël. La victoire de HAMAS est perçue autant comme une défaite d’Israël que des régimes arabes. Une autre grande victoire que Gaza a remporté contre le sionisme mondial est la mise en quarantaine d'Israël par l'opinion internationale. La rue occidentale et arabe a exprimé son rejet de la politique sioniste, son refus de continuer à reconnaitre un état fantoche, sa prise de conscience de la tragédie palestinienne et son désir de mettre fin à cette tragédie. Les peuples sont de plus en plus en contradiction avec les élites politiques et intellectuels dont ils ne comprennent ni le silence ni le soutien à Israël. Les élites vont se trouver sur cette question et tant d’autres mis discrètement en quarantaine ou totalement désavoués non seulement sur la politique étrangère mais intérieure. Enfin il y a eu trop d'énergies contradictoires, déclarées ou refoulées, en si peu de temps qu'il est impossible que l'histoire continue à se dérouler "normalement". Gaza est un moment historique plus fort que la chute du mur de Berlin ou l’effondrement de l’URSS et plus fort que la fin de la seconde guerre mondiale. Gaza annonce des changements majeurs dans les rapports entre opprimés et oppresseurs. Les contradictions vont s'aiguiser, les luttes vont durcir, les consciences vont s'affiner et la suite ne relève que de la loi de la dialectique qui gouverne le monde. Le Prophète dans des situations semblables disait : "O crise aggrave toi ! Tu vas aboutir à une issue bénéfique". Les choses ne peuvent pas rester en l'état. Les régimes arabes qui vont s'accrocher au statut quo actuel doivent s'attendre à un Tsunami qui va les balayer de la surface de la terre. Les élites occidentales qui vont continuer d'occulter la réalité palestinienne ne font que conjuguer la crise financière et son corollaire la crise économique avec la crise morale réveillée par la guerre contre Gaza… Quand l’opprimé ne trouve pas de tribune ni de soutien il ne faut pas lui reprocher la radicalisation de son discours et sa nature de plus en plus subversive du fait de son confinement à une clandestinité plus fermée et plus militante faisant fi des règles diplomatiques et de la rhétorique politique. Ceux qui reprochent au HAMAS et à d’autres mouvements islamiques leurs discours qui sont à l’opposé du « politiquement correct » doivent plaindre leur propre inertie et leur propre lâcheté qui n’ont pas permis à l’opprimé ou au colonisé d’avoir une tribune pour s’exprimer… Dire, rompre le silence, est un devoir : « Si tu vois ma communauté avoir peur de l'injuste, de lui dire tu es injuste, alors c'en est fini d'eux » « Ordonnez le bien et interdisez le mal ou sinon, vous risquez que Allah fasse abattre sur vous un châtiment et vos invocations ne soient plus exaucées » EN PAGE 365 : Les choses ne peuvent pas rester en l'état. Les régimes arabes qui vont s'accrocher au statut quo actuel doivent s'attendre à un Tsunami qui va les balayer de la surface de la terre. Les élites occidentales qui vont continuer d'occulter la réalité palestinienne ne font que conjuguer la crise financière en sourdine et son corollaire la crise économique avec la crise morale réveillée par la guerre contre Gaza. Le châtiment divin les atteindra sans doute par des catastrophes écologiques et sociales sans précédent pour les pousser à s’interpeler sur le sens de la vie et sur le devoir d’assister l’opprimé…
En page 319 Nul ne peut enlever de la pensée arabe et musulmane la continuité de la guerre en Afghanistan, en Irak, au Liban et en Palestine. Nul ne peut nier le lien géostratégique entre la lutte pour le contrôle du poste frontalier Rafah en Palestine et celle du col de Khaybar en Afghanistan. C’est le même combat, les mêmes enjeux, la même stratégie que seuls les arabes et les musulmans frappés de paresse intellectuelle et de lâcheté ne veulent ni voir ni y trouver des liens : {Ou bien est-ce que ceux dont le coeur est atteint d’un mal profond s’imaginent que Dieu ne dévoilera jamais leur haine ?} Muhammad 29.
conclusion : La haine des éradicateurs contre leur peuple est annoncée dans ce texte que nous avons présenté au début "Soit nous allons droit vers des actes d’agression, d’auto-défense et de chaos généralisé." Ils ne proposent pas un état de droit mais un choix ou le chaos et le non-droit ou on leur confie le droit à éradiquer les Algériens. La partie de haine n'est pas finie en Algérie ou en Tunisie. Le renversement de la volonté des peuples est un projet inscit dans la culture coloniale et de ses indigènes. |
dimanche 23 janvier 2011
Omar Mazri : Diversion, subversion et scénario en marge ou en prolongement de la Révolution des cactus
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