Retour en arrière. C’était un 26 janvier 2006. Autre région mais une situation similaire. Ce jour-là, les Territoires palestiniens votent pour des élections législatives. Deux grands partis représentant l’essentiel du mouvement national palestinien s’affrontent. Le scrutin, que supervisent des centaines d’observateurs internationaux, se déroule dans des conditions exemplaires de transparence. Le résultat est sans appel. Le Hamas remporte haut là main l’élection en raflant la majorité absolue des sièges. Mais ici, c’est le contraire de la situation ivoirienne qui va prévaloir. Les Etats-Unis, Israël et l’Union Européenne se refusent de considérer l’issue du scrutin. Le parti sorti vainqueur des urnes se voit mis au banc des accusés.
L’Occident décidera de sanctionner le peuple palestinien pour avoir mal voté et très vite, les soutiens financiers des organismes internationaux se tarissent. A l’inverse du cas ivoirien, les perdants (le Fatah) se voient confortés dans leur refus d’honorer l’issue du suffrage. Dans la foulée, des dizaines de députés élus démocratiquement vont être jetés en prison par Israël pendant que les effets du boycott international vont finir d’accentuer la détresse d’un peuple palestinien (surtout à Gaza) qui ajoutera à son malheur le déshonneur.
Des condamnations sélectives
Ce traitement à géométrie variable démontre la grande incapacité des Occidentaux d’être à la hauteur des valeurs qu’ils sont censés incarner. Leur attitude est ici proche de l’hypocrisie. Comment peut-on exiger le respect des règles démocratiques dans un cas quand on les piétine allègrement dans un autre ? Ce deux poids deux mesures laisse un goût amer et pose de sérieuses questions sur les intentions d’un Occident visiblement davantage guidé par ses intérêts que par le respect de valeurs qui se veulent pourtant au fondement de son identité. Car somme toute cette politique est dangereuse, stérile et contre-productive. Dangereuse car elle renvoie de l’Occident une image désastreuse.
En invoquant la démocratie et les droits de l’Homme pour la Côte-D’ivoire ou le Darfour et en se taisant devant les crimes de guerre commis en Irak ou à Gaza, le message de l’Occident se voit discrédité et rejeté par une grande partie des peuples du Sud, notamment dans le monde musulman. Absurde car censurer un parti sorti vainqueur des urnes est le meilleur moyen de le conforter dans sa posture de victime, de renforcer sa popularité et même de le pousser à la radicalisation. Enfin contre productive car elle fournit du grain à moudre à tous ceux (et ils sont nombreux) qui fustigent la domination occidentale en prenant justement prétexte de cette hypocrisie lucrative. Et rien n’éclaire plus ce comportement troublant que la situation palestinienne
Durcir le ton face à Israël
La crise ivoirienne nous permet en effet d’appréhender en miroir le problème palestinien. Pratiquement deux ans après la sanglante opération "Plomb durci" menée par l’armée israélienne à Gaza, la situation demeure bloquée et la perspective d’aboutir à un accord de paix s’éloigne chaque jour davantage. Et pour cause. A la tête d’un gouvernement de droite dure (dans lequel figurent des représentants de l’extrême-droite israélienne) Benyamin Netanyahou persiste dans une politique intransigeante : poursuite de la colonisation, de l’édification du Mur (que la Cour Internationale de Justice avait estimé illégale), promulgation de lois scélérates légalisant une discrimination à l’endroit des Palestiniens d’Israël, judaïsation à marche forcée de Jérusalem-Est, poursuite du siège infâme de la bande de Gaza etc.
Ce qui est ici surprenant c’est le silence complice des pays occidentaux qui, au mieux, se contentent de lâcher de timides condamnations. Mais penser à des sanctions envers un gouvernement coupable de fouler au pied les résolutions internationales et sur lequel plane des accusations de crimes de guerre (1), ça jamais.
De l’autre côté, le million et demi d’habitants de la bande de Gaza continue de croupir dans des conditions "indignes et épouvantables" comme le rappelait récemment l’ancien ambassadeur français Stéphane Hessel. Considéré comme "terroriste" par les Américains et l’Union Européenne, le Hamas qui gouverne à Gaza continue pourtant de bénéficier de la confiance d’une majorité de Palestiniens. Seulement, l’opprobre international est ici de mise sous le prétexte que le Hamas ne reconnaît pas Israël.
Ce lieu commun réducteur est loin de refléter une réalité plus complexe, de nombreux responsables du Hamas ayant à plusieurs reprises rappelé qu’ils accepteraient un plan de paix qui octroierait au peuple palestinien un Etat dans les territoires occupés en 1967 – ce qui vaut une reconnaissance de facto d’Israël. La Ligue arabe a réitéré plus d’une fois la même proposition. Mais la réponse israélienne a toujours été un refus catégorique. Il est vrai que la charte du Likoud (parti de M. Netanyahou) ne reconnaît pas la Palestine (2) et que nul n’est plus sourd que celui qui ne veut entendre.
Une seule solution : l’application du droit international
Pour sortir de ce deux poids deux mesures insupportable pour beaucoup, l’Occident devra renouer avec ses principes et maintenir une même position sous toutes les latitudes. Celle-ci signifie de mettre un terme à la complaisance et de parler le langage de la fermeté lorsqu’il s’agit du respect du droit. Car les condamnations sélectives ne règleront pas le problème ni au Proche-Orient ni en Côte d’Ivoire. Le plus regrettable est que le véritable perdant dans cette histoire est la foi en l’idéal démocratique. En l’invoquant au gré de ses intérêts, l’Occident perd de son âme et s’expose de son plein gré aux critiques les plus acerbes.
Notes :
(1) http://blog.mondediplo.net/2010-05-31-Israel-l-impunite-jusqu-a-quand
(2) http://www.protection-palestine.org/spip.php ?article9230
URL de l'article: http://oumma.com/Le-Hamas-Laurent-Gbagbo-et-l
Notre commentaire
"Ce traitement à géométrie variable démontre la grande incapacité des Occidentaux d’être à la hauteur des valeurs qu’ils sont censés incarner. Leur attitude est ici proche de l’hypocrisie. Comment peut-on exiger le respect des règles démocratiques dans un cas quand on les piétine allègrement dans un autre ? "
Définition de l’hypocrisie : comportement qui consiste à dissimuler, par son attitude ou ses actes, ses véritables pensées ou sentiments.
L’attitude des Occidentaux n’est en aucune façon de l’hypocrisie mais elle est au contraire, parfaitement fidèle à leurs véritables pensées, à leur si petite moralité de façade ! L’expansion de l’Occident dans sa totalité est due à la mise en œuvre d’une idéologie coloniale profonde et arrogante dont il n’est jamais sorti et dont il n’entend certainement pas sortir! Il considère depuis toujours à la fois que c’est lui seul le détenteur de la civilisation face à la barbarie de ceux qu’il colonise, qu’il est en droit de répandre le sang pour diffuseur ses prétendues valeurs mais aussi pour maintenir son hégémonie économique qui se réduit comme peau de chagrin face aux nouveaux géants que sont la Chine, l’Inde, le Brésil etc…! La colonisation de l’Irak, de l’Afghanistan est la parfaite illustration de ces deux éléments conjugués !
La Palestine est le plus ancien projet colonial occidental abject toujours en construction dans le monde c’est uniquement pour cette unique raison que depuis 62 ans on assiste à un tel déni du droit et de la raison ! Il est évident que s’il s’était agi du seul projet sioniste, la terre de Palestine n’aurait jamais pu être le théâtre d’une telle barbarie continue ; mais puisqu’elle est la base avancée du monde occidental au Moyen Orient ce dernier met tous les moyens à sa disposition pour mener à terme son projet colonial qui colle de façon stupéfiante au projet biblique des sionistes !!! D’où cette complicité parfaite jamais démentie sur le terrain !
Et pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, seuls les outils mis en place par l’Occident pour parvenir à ses fins semblent aujourd’hui différents mais la visée reste similaire! Après ces dernières élections, les uns et les autres arguent haut et fort du fait qu’ils veulent faire parler la démocratie en Côte d’Ivoire en déclarant officiellement vainqueur Allassane Ouattara le « très candidat » des Etats-Unis et du FMI au détriment de leur ex très protégé Gbagbo. Mais cet apparent soudain positionnement "moral" de l’Occident en Côte d’Ivoire ne signifie qu’une seule chose : le nouveau vainqueur est mieux à même aujourd’hui de protéger outrageusement les intérêts économiques et coloniaux de l’Occident en Afrique et ceux des Etats-Unis en particulier !!! D’ailleurs sur ce coup-là Sarkozy l’Américain n’est pas au service des « intérêts » de la France mais bien au service du pré carré yankee; c'est pour dire à quel point son alignement aveugle sur la politique US est considérable!
Il n’y a donc pas deux poids deux mesures de la part de l’Occident mais bien la poursuite outrageuse par des voies différentes d’une politique coloniale vis-à-vis de nations considérées comme mineures et de peuples considérés comme barbares et que ce dernier estime être en droit de contrôler comme il l’entend! Dès lors espérer que l’Occident pourra « renouer avec ses principes » devient un non-sens absolu; car pour avoir pillé, répandu le sang dans de telles proportions depuis des siècles et continuer à le faire sans le moindre état d’âme montre une seule chose : c’est que des principes moraux, l’Occident n’en a jamais eu et que le droit qu’il a érigé au niveau international n’est pas au service des hommes, de tous les hommes mais bien au service de sa seule hégémonie!
2 commentaires:
Ce deux poids deux mesures fouent la haine !!!!
http://islamvaincra.vraiforum.com/f25-livres-tres-chaleureusement-et-tres-vivement-recommandes.htm
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