21 novembre 2012 - Source : Abdel Bari Atwan - Traduction : al-Mukhtar
Cessez-le-feu en Palestine occupée : malgré sa force militaire et sa cruauté,
l'État sioniste n'a rempli aucun de ses objectifs

Enterrement à Gaza le 19
novembre 2012, des neuf membres de la famille Dallu, tous massacrés dans leur
maison par les forces israéliennes d'occupation israéliennes le jour précédent –
Photo : Ali Ali/EPA
La
guerre des derniers sept jours sera enregistrée dans l'histoire du conflit
israélo-arabe comme le plus grand échec militaire israélien. Aucun de ses
objectifs de guerre n'a été atteint : en fait, c'est tout le contraire qui s'est
produit, et la résistance palestinienne dans la Bande de Gaza s'est retrouvée en
première position, militairement et politiquement.
Le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahu est arrivé au pouvoir sur la base de deux
promesses : premièrement, qu'il n'entrerait jamais en pourparlers avec le Hamas
et le Jihad Islamique et, deuxièmement, qu'il écraserait Gaza et l'effacerait de
la carte.
Khaled Mishaal du mouvement Hamas et le Dr. Ramadan Abdullah
Shallah du mouvement du Jihad Islamique étaient au coeur des négociations avec
Israël et la médiation égyptienne, contrôlant chaque mot dans l'accord proposé
pour une trêve, et le gouvernement du Hamas dans la Bande de Gaza restera en
place, et sortira renforcé de cette guerre.
C'est la première fois depuis
que le conflit a commencé qu'un gouvernement israélien a prié pour obtenir un
accord de cessez-le-feu et donné aux efforts diplomatiques une occasion de
trouver une sortie pacifique à la crise. Israël n'a jamais attribué le moindre
crédit à la diplomatie et a toujours préféré employer la force afin d'imposer
une réalité sur le terrain, ensuite pérennisée par des pactes
politiques.
Le dernier épisode où Netanyahu a éructé une litanie de
menaces creuses, s'est conclu de façon désastreuse pour lui. Il ne sera plus
jamais pris au sérieux quand il parlera de bombarder les installations
nucléaires en Iran, ou de détruire les capacités militaires du Hezbollah
[résistance libanaise] au sud du Liban. L'homme s'est avéré être un poltron,
incapable de conduire une guerre contre ses ennemis, et bien plus qu'un lâche
dans son incapacité de consolider n'importe quel genre de Traité de paix : un
homme uniquement bon pour fanfaronner, incapable de faire réellement quelque
chose.
Netanyahu acceptera probablement l'accord de trêve sans pouvoir
imposer toutes ses conditions à l'autre partie parce qu'il ne veut pas engager
une invasion au sol - même partielle - terrifié qu'il est à l'idée des surprises
qui l'attendent, après avoir été durement secoué de voir la résistance
palestinienne envoyer des roquettes jusqu'à Tel Aviv.
Si la fusée Fajr-5
- qui coûte à peine 5000 dollars – est capable de pénétrer le Dôme de Fer dont
chaque missile coûte plus de 50 000 dollars, cela démontre la faiblesse d'un
système qui a coûté des milliards de dollars, tandis que c'est le frère de la
fusée Fajr-5, le missile antichar Cornet, qui a empêché Netanyahu et son
ministre Ehud Barak de commettre la folie d'envahir la Bande de
Gaza.
Nous écrivons ces mots avant que les articles de l'accord de trêve
aient été publiés, et certains de ceux-ci bénéficieront certainement à Israël.
C'est normal et prévu. D'autres articles, plus importants, bénéficieront à la
résistance, renforçant d'abord ses moyens militaires et en second lieu, sa
légitimité politique.
La Bande de Gaza a payé un lourd tribut pour ces
deux accomplissements, et c'est douloureux à tous les niveaux. Les martyrs et
les blessés sont nos proches et nos enfants, mais c'est une guerre qui leur a
été imposée par un ennemi arrogant et terroriste, le tout au milieu d'une
honteuse passivité arabe.
Les gouvernements arabes - et nous disons que
ceci avec un terrible goût d'amertume dans la bouche – ne font que les guerres
américaines et n'arment que ceux que Hillary Clinton souhaite armer et soutenir.
La résistance palestinienne n'appartient certainement pas à cette catégorie, et
la guerre contre Gaza est une guerre israélo-américaine contre un peuple
honorable et assiégé, laissé mourir de faim, exposant au grand jour la
soumission des dirigeants arabes au gouvernement des États-Unis.
Les
habitants de Gaza peuvent être fiers d'être restés fermes et de n'avoir pas
imploré n'importe quel dirigeant arabe de les sauver, contrecarrant les plans du
gouvernement de Netanyahu tels qu'exprimés par son adjoint Eli Yishai qui s'est
montré digne des Nazis en menaçant de renvoyer Gaza au Moyen Âge.
Nous
ressentons tristesse et douleur en devant inscrire l'ex-Président palestinien
Mahmoud Abbas et son Autorité dans la colonne des « perdants » dans cette
guerre. Abbas n'a pas su se lever dans ce moment historique, et n'a pris aucune
mesure un tant soit peu courageuse pour racheter toutes ses prises de position
précédentes qui ont eu pour seul résultat de le mener à plus d'humiliation et
d'affaiblissement.
Même la collaboration sécuritaire [avec les
Israéliens], qui était la carte la plus forte en sa possession, a été détruite
par cette guerre quand les fusées de la résistance - que lui et ses forces de
sécurité ont toujours voulu empêcher d'être acheminées jusque dans les villes de
la Cisjordanie sous occupation - ont atteint le coeur de la ville de Jérusalem
occupée. Nous ne serions pas étonnés qu'elles soient la prochaine fois plus
précises.
Il est triste de constater que le Président Abbas a été
marginalisé dans cette guerre, comme il a été également totalement marginalisé
dans les négociations pour y mettre un terme, et il n'était pas au Caire quand
les négociations ont eu lieu. Nous devons, cependant, porter à son crédit son
appel pour un sommet arabe et une réunion d'urgence du Conseil de
Sécurité.
Le Président Abbas peut renverser les rôles et récupérer son
statut, s'il tournait seulement le dos aux 20 dernières années que son Autorité
Palestinienne a gaspillées dans des négociations absurdes. Il devrait s'activer
à la réconciliation politique [entre le Fatah et le Hams] et renforcer l'unité
nationale sur la base de la résistance.
Le peuple palestinien en
Cisjordanie occupé était tout simplement merveilleux dans son soulèvement pour
manifester sa solidarité avec les habitants de Gaza, quand des milliers de eux
se sont dirigés vers les barrages militaires et les colonis juives pour engager
de violents affrontements avec l'occupant, défiant les forces de sécurité de
l'Autorité [de Abbas] et d'Israël.
Le peuple palestinien a perdu 170
martyrs contre cinq ou six Israéliens dans cette guerre, ce qui est un rapport
terrifiant et douloureux qui réaffirme le déséquilibre énorme de force en faveur
de l'ennemi. Le tournant principal, cependant, se situe dans le progrès
qualitatif accompli par la résistance et les énormes dommages infligés au moral
de l'occupant israélien.
Ce qui importe n'est pas la possession de fusées
qui peuvent atteindre Tel Aviv : les gouvernements Arabes ont des dizaines ou
des centaines de milliers de fusées capables de cela. Ce qui importe, cependant,
est la volonté de les lancer, sans crainte ni peur, et Dieu sait que la
résistance a cette volonté qui manque à tous les dirigeants arabes vivants – car
la seule exception est le défunt Président irakien Saddam Hussein.
Quand
nous remplissons nos colonnes de « gagnants » et de « perdants », nous ne devons
pas oublier l'Iran, qui s'est imposé de lui-même dans la colonne des gagnants
lorsque le second dirigeant du Jihad Islamique a déclaré que chaque fusée et
chaque munition tirées par son mouvement vers Israël ont été fabriquées en Iran.
Celui qui ne remercie pas ses semblables ne remercie pas Dieu, a-t-il dit. Il
n'y a aucun doute que ses mots irriteront beaucoup de ceux qui ont essayé de
dépeindre l'Iran comme le plus grand ennemi des Arabes et des
Musulmans.
Ce sont sept jours glorieux qui ont insufflé la peur dans le
cœur des Israéliens, envoyant des centaines de milliers d'entre eux dans des
abris à Tel Aviv, Jérusalem, Beershva, Ashkelon, Ashdod et Sderot plusieurs fois
par jour pour la première fois depuis le vol de la Palestine. C'est un tournant
qui confirme que le compte à rebours pour en finir avec l'humiliation et
l'abaissement des Arabes a commencé, et beaucoup plus tôt que prévu.
* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.
URL du billet: http://www.info-palestine.net/Palestine/Article010.html
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