Envoyé par l'auteure
Par Aline de Diéguez
Madame de Diéguez bonjour,
Nous tenions à vous remercier tout spécialement pour
cet opus IX de votre très fameuse chronique Aux sources du sionisme!
Si nous osions, nous dirions qu'il s'agit-là d'une "cuvée" tout à fait
exceptionnelle, tant sur le fond que sur la forme, à laquelle nous décernons une
mention spéciale… Pour tout dire, il est très probable que nous ne regardions
plus jamais tout à fait avec le même œil ce légume si commun qu’est l’oignon et
qui trône en bonne place dans notre cuisine…
Nul doute en effet, qu’il s’agit-là d’un texte qui a
véritablement frappé notre attention et qui nous en sommes convaincus, en fera de même pour
tous les lecteurs qui prendront grand soin de le lire !
Merci pour cet énorme travail de recherche et de réflexion brillante
sur une cause qui nous est commune et chère.
Dans l’attente du prochain opus,
Le CCY
" La chose la plus difficile au monde est de
suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward
Mandell HOUSE )
*
2ème Partie
Aux sources du sionisme
IX - L'oignon sioniste et le bernard-l'hermite
1 - Du légume au mythe
2 - Naissance du syndrome du bernard l'hermite
3 - "Otez-vous de là que je m'y mette!"
4 - Les effets magiques de l'oignon sioniste
5 - L'aliénation de nos cervelles 6 - Ajout tardif de
la volute victimaire
7 - Un sadisme institutionnalisé
8 - Résistance
1- Du légume au mythe
Tout le monde connaît la jolie boule charnue appelée
oignon. Les tuniques - c'est ainsi qu'on appelle les feuilles épaissies
s'enveloppant les unes dans les autres - sont harmonieusement disposées en
couches concentriques. Une dernière couche de fines pelures allant du blanc au
pourpre emprisonne les réserves de cet astucieux miracle de la nature. Mais si
vous vous avisez de peler cette petite merveille de la botanique, une huile
essentielle, particulièrement volatile et âcre, vous fera pleurer à chaudes
larmes.
Tel est l'exact portrait du sionisme. Sous la fine
pelure de la fameuse "démocratie" israélienne encore moins
"démocratique" que l'Etat-apartheid d'Afrique du Sud, d'épaisses
couches concentriques de mythes religieux, politiques, historiques révèlent
leurs juteuses réserves d'arguments. Plus on pèle l'oignon sioniste, plus on
découvre les réserves charnues de mythes s'empilant les uns sur les autres et plus
l'odeur sulfureuse des allyles mensongers envahit la planète, pique les yeux,
colle aux mains, brûle les cœurs et affole les cerveaux.
Dans les chapitres précédents je me suis attachée à
la rude entreprise de retirer d'abord la fine pelure religieuse qui nimbe la
totalité de l'idéologie sioniste. Sans cette aura religieuse qui donne son sens
à l'entreprise, jamais le mouvement sioniste n'aurait pu prendre pied en
Palestine. J'ai pris soin d'éviter toute utilisation de termes théologiques
afin d'accéder, par delà l'idéologie biblique, à la réalité politique la plus nue possible et
débarrassée des falbalas et des masques qui déguisent les actions politiques en
innocentes constructions religieuses. J'étais persuadée que c'était la seule
manière de comprendre et de faire comprendre toute l'étendue du drame politique
que vivent aujourd'hui les Palestiniens, ces victimes innocentes de la
répétition d'un scénario dont on connaît désormais la date de sa rédaction et
même les principales modifications du texte au cours des siècles.
C'est pourquoi j'ai entrepris de débarrasser
l'oignon sioniste, couche après couche, des moelleuses protections religieuses
dont il s'enveloppe afin de parvenir au petit germe verdâtre qui se prélasse en
son centre et qui figure la source de vie de ce juteux légume, à savoir une
politique de conquête territoriale acharnée, grossière et brutale, déguisée en
un messianisme gémissant de victime professionnelle, pourtant assise sur un
arsenal de deux à trois cents missiles nucléaires et qui, néanmoins, continue
de saturer l'atmosphère avec ses déplorations sur les menaces qui pèsent sur sa
sécurité.
2 - Naissance du syndrome du bernard l'hermite
J'ai donc commencé par montrer, grâce aux travaux
des archéologues et des exégètes modernes, que les grands héros de la fiction
biblique sont des créatures symboliques et mythologiques qu'on retrouve à peine
modifiées dans d'autres récits théologiques communs à tous les peuples de la
grande région du bassin oriental de la Méditerranée. On sait aujourd'hui à quel
moment les scribes de la petite province judéenne ont nationalisé ces fictions
et ont constitué les membres de ce groupe en chouchous d'une sorte de gardien
intersidéral du cadastre terrestre, lequel aurait glissé à l'oreille d'ancêtres
à l'ouïe particulièrement fine, le conseil, et même l'ordre, d'exterminer le
peuple autochtone afin de s'approprier justement ce petit bout de terre-là, sur
lequel il aurait pointé, volontairement ou non, nul ne sait, son auguste doigt
et bien que ce lopin fût déjà habité depuis plusieurs siècles.
 |
Bernard l'hermite, squattant un domicile , © Foto
Natura |
Les obéissants bernards-l'hermite de l'antiquité ont
raconté en ces termes comment ils ont fait main basse sur le territoire et les
maisons d'un autre peuple sur ordre du surnaturel: "Lors donc, Jahvé, ton
Dieu te fera entrer dans le pays qu'il a juré à tes pères, Abraham, Isaac et
Jacob de te donner: villes grandes et belles que tu n'as pas bâties, maisons
pleines de toutes sortes de biens que tu n'as pas remplies , citernes creusées
que tu n'as pas creusées, vignes et oliviers que tu n'as pas plantés, et tu
mangeras et te ressassieras. " [Deutéronome, 6,10, trad. Osty]
Nos lois et nos principes ont beau être déclarés
universels, nous constatons jour après jour avec quelle légèreté il excluent
dans la pratique quotidienne le groupe privilégié blotti à l'intérieur de son
oignon divin et ne concernent donc que les peuples ordinaires - c'est-à-dire
99,999% de l'humanité - qui se nourrissent modestement de blé, de riz, de
choux, de carottes ou de navets qu'ils se sont harassés à semer et à partager
entre eux, alors que pour les dévoreurs d'oignons divins, tout est simple et
clair, le surnaturel a pourvu à tout : territoire, lois, privilèges, tout chez
eux est particulier, supérieur, exceptionnel, "supplémentaire" comme
l'écrivait l'un de leur éminents rabbins.
Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la
Palestine
3 - "Otez-vous de là que je m'y
mette!"
Car c'est bien sur la juridiction surnaturelle de
l'oignon mythique qui établit qu'un groupe humain qui se déclare "peuple
élu" en vertu d'une adhésion à une fiction façonnée dans la lointaine
province de Judée entre le Ve et le VIIIe siècle avant notre ère, que repose
l'essence de l'idéologie sioniste. J'ai donc essayé de me projeter dans le
passé et de remonter le temps.
Il n'est ni psychologiquement plaisant, ni
politiquement productif de dire la vérité et de d'accepter de reconnaître que
les ancêtres furent banalement semblables à tous les humains de l'époque,
qu'ils ont trimé sur la terre, se sont battus férocement et se sont comportés
en rusés voyous et en bretteurs, à l'égal de toutes les autres tribus de la
région, qu'ils ont joué des coudes pour se tailler un lopin afin de poser
quelque part leurs tentes et leur barda et qu'ils furent, à un certain moment
de leur histoire,
suffisamment forts et malins pour se choisir un territoire
déjà habité, en application du célèbre syndrome du bernard-l'hermite, plutôt
que de se donner la peine d'en construire un à partir de rien, mais qui leur
fût propre, de préférence encore désertique, ce qui ne devait pas manquer à
l'époque dans la région. Comme l'écrivait le juif converti Saül, devenu
l'apôtre Paul, dans sa Lettre aux Galates , 4:16 "Suis-je devenu votre
ennemi parce que je vous dis la vérité ? "
J'ai compris que la partie de la fiction nationale
rédigée en premier et intitulée Deutéronome - la supposée "première
loi" étant attribuée à un personnage mythique - est tout entière une
entreprise d'innocentement du forfait spoliateur originel et de peinture d'un
portrait glorieux et idéal d'ancêtres suffisamment forbans pour avoir réussi à
mettre la main sur des villes déjà construites et des jardins parfaitement
cultivés et soigneusement entretenus, comme leur épopée le révèle
involontairement. C'est pourquoi on pourrait intituler cette reconstitution du
passé Les aventures des Hébreux au pays des merveilles.
C'est à cette époque et dès l'origine de la
sédentarisation qu'est née, dans cette population, la première manifestation du
syndrome du bernard-l'hermite, qui consiste à affirmer que le pays et les
maisons volés vous appartiennent en vertu d'un acte notarié chu de la galaxie.
Une rechute, particulièrement nocive, s'est à nouveau traduite, à la fin du
XIXe siècle, par une violente fièvre guerrière, une frénésie d'assassinats et une
irrépressible expansion territoriale.
En termes de décryptage biblique, on peut donc dire
que les directives romanesques données par un "dieu" à un prétendu
"peuple choisi" ou "élu" sont une invention astucieuse du
mécanisme de purification du groupe, symbolisée par la notion connue de nos
jours sous le nom de "bouc émissaire". Cette notion est devenue une
métaphore, mais à l'origine la dramaturgie de l'envoi d'un animal portant sur
son dos tous les péchés des Judéens était parfaitement réelle et concrète.
Mourant de faim et de soif dans le désert, ce pauvre quadrupède était censé
enterrer avec sa carcasse la masse des forfaits privés et publics dont il
charriait le fardeau sur son dos. "Aaron posera ses deux mains sur la tête
du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants
d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché, il les
mettra sur la tête du bouc; puis il le chassera dans le désert."
(Lévitique, 16)
Pourquoi avoir choisi un bouc et non un bœuf, un taureau
ou un bélier, tous mammifères mâles et à l'échine plus robuste? Tous ceux qui
ont eu l'occasion d'approcher de cet animal ont expérimenté à la fois son
agressivité et surtout l'odeur pestilentielle que dégagent ses hormones
sexuelles. Ce caractère nauséabond aux narines humaines, mais délicieux et
attirant à celles des femelles de la race, ne pouvait que refléter le MAL en
soi dont il était l'incarnation démoniaque.
The Scapegoat
(Bouc émissaire), tableau de William Holman Hunt (1827-1910)
Mais la notion de "bouc émissaire" a
également fonctionné de manière bénéfique et transformé un forfait en bienfait.
En effet, la fiction biblique n'a pas pointé du doigt les vrais responsables du
péché originel de la tribu, au contraire, elle s'en est lavé les mains et, par
un mécanisme de transfert positif et d'innocentement du groupe, elle a expédié
le dispensateur des grâces dans la stratosphère, d'où il pouvait commodément
continuer à servir d'alibi aux pulsions guerrières et conquérantes d'une
population belliqueuse, qui disait hier agir au nom des commandements de
l'au-delà et qui le répète aujourd'hui. Ainsi, deux mille sept cents ans après
la création de ce généralissime en chef de l'origine de la politique de
conquête de l'actuel Etat, les sionistes purs et durs, enfermés dès la plus
tendre enfance dans la casemate de leur oignon doctrinal et drogués en
permanence par les allyles sulfureux qu'il dégage, continuent de se demander ce
que des "Arabes" font sur une terre qui leur a été "donnée"
par leur dieu.
Après avoir éliminé la fine, mais résistante, pelure
qui protège l'oignon sioniste, j'ai pu, dans les chapitres suivants, démonter
le fonctionnement de l'architecture concentrique des mythes politico-religieux
qui nourrissent l'édifice sioniste.
4 - Les effets magiques de l'oignon sioniste sur le
reste du monde
Le quidam ordinaire ne peut qu'être stupéfait et
même admiratif devant l'efficacité du gigantesque appareil de propagande qui a
réussi à faire ingurgiter à la quasi-totalité de la planète la pertinence
politique d'un oignon idéologique lequel, au gré des besoins du moment, a
réussi à amalgamer à ses tuniques surnaturelles la grossière pâtée colonialiste
dont se nourrissaient les peuples les plus puissants à la fin du XIXe siècle et
à malaxer le tout en une bouillie théorique indigeste et aussi collante que le
scotch du Capitaine Haddock. C'est ainsi qu'un ardent colonialisme de
peuplement conjugué à un nationalisme messianique fanatique a déferlé sur la
Palestine à partir du début du XXe siècle.
En effet, c'est ne rien connaître du contexte
politique des évènements, de la psychologie des peuples et de la manière dont
naissent et évoluent les grands mouvements de l'histoire, qui toujours serpentent
longuement dans les souterrains des psychismes et du temps avant d'apparaître à
la lumière, de croire que le sionisme est une idéologie coloniale exclusivement
politique, surgie ex nihilo à partir de la "bible" fondatrice de
Herzl - L'Etat juif - et de même nature que les épopées coloniales de la
France, de l'Angleterre, de l'Allemagne ou de l'Italie à la fin du XIXe siècle.
Comme je l'ai déjà signalé:
un puissant mouvement sioniste d'essence religieuse
existait déjà depuis des décennies dans certaines couches de la société. Ses
effluves s'étaient répandus dans de nombreux pays européens, ainsi que dans les
marches des provinces asiatiques qui comptaient de puissantes communautés de
fidèles du dieu biblique. Des contacts entre des groupes, pourtant ethniquement
divers, avaient permis d'unifier les mentalités. Il faut dire que toutes ces
populations se nourrissaient des mêmes commentaires de la fiction originelle
dans lesquels leurs notables religieux avaient déversé toute la haine et tout
le mépris qu'ils éprouvaient à l'encontre des tenants d'autres dieux -
notamment des chrétiens et des musulmans. Ce concentré de détestation à l'égard
du genre humain et appelé Talmud, imprégnait profondément les cervelles et
créait une mentalité commune aux consommateurs gloutons et jamais rassasiés de
ce brouet.
En effet, entre le sionisme messianique des
prophètes et le sionisme politique tardif de Herzl, de grands laboureurs du
jardin sioniste, comme le médecin polonais Léon Pinsker (1821-1891) auteur en
1882 de la brochure Auto-émancipation et président des "Amis de Sion"
ou le fondateur du sionisme social, Moshe Hess (1812-1885) ainsi que des
rabbins influents comme le Prussien Tsvi Hirsh Kalisher (1795-1874) qui prônait
un retour à Sion dans une perspective messianique, ou le Serbe Alkalaï Yehouda
(1795-1874) avaient rempli à ras bord les esprits d'une ferveur messianique.
Léon Pinsker
Moses
Hess
Tsvi Hirsh Kalisher
Alkalaï
Yehouda
Il a donc suffi qu'un journaliste aigri par ses
échecs d'intégration en Europe - Theodor Herzl - qu'un très efficace homme
d'influence auprès du gouvernement anglais - Chaim Weizmann - que de
richissimes banquiers capables de corrompre le congrès et le gouvernement
américain tout entier depuis le début du XXe siècle - notamment Bernard Baruch
- et celui de sa gracieuse majesté - Lionel Walter Rothschild et consorts -
unissent leurs efforts avec une pluie de richissimes acolytes pour que l'oignon
sioniste pût efficacement être planté en Palestine. Il y prospéra si
magnifiquement qu'il prit rapidement la taille d'une citrouille, puis d'une
montgolfière et se trouve en passe de se métamorphoser en un nuage radioactif
pestilentiel qui menace la planète entière.
Theodor Herzl
Chaim Weizmann
Bernard Baruch
Lionel Walter Rothschild
5 - L'aliénation de nos cervelles
Il fut un temps où cette arrogance nous indignait.
Nous nous sommes même permis d'adresser des remontrances officielles aux
contrevenants à nos idéaux sous la formes de plusieurs centaines de
"résolutions", lesquelles n'ont rien "résolu" puisqu'elles
n'ont même pas pu pénétrer dans des cervelles déjà remplies à ras bords de
vapeurs alliacées. Autant en emporte le vent et nous nous sommes bien gardés
d'insister.
Petit à petit, nous nous sommes platement résignés
et l'accoutumance venant, c'est tout juste si nous avons osé exprimer à haute
voix que nous étions vexés de ce mépris de nos institutions et de nous-mêmes.
Mais sans que nous y prenions garde, les vapeurs de l'oignon sioniste ont fini
par s'infiltrer insidieusement dans nos propres cervelles et lorsque le peuple
divin a trop ouvertement piétiné nos principes et que le sang des enfants
Palestiniens a éclaboussé nos écrans de manière récurrente, c'est tout juste si
nous avons éprouvé un léger sentiment de gêne, que nous nous sommes empressés
d'enfouir au plus profond de notre for intérieur, car nous n'osions plus
exprimer ouvertement la moindre critique.
Exploit sioniste durant l'opération "Plomb
durci"
Nous avons momentanément ouvert un œil réprobateur
lorsque les missiles directement pilotés à partir de la galaxie ont transformé
en bouillie sanguinolente une grosse masse de la population palestinienne et
pulvérisé les coûteuses infrastructures que nous avions généreusement offertes
aux habitants de Gaza. Comme dans un jeu vidéo, nous payons, nous construisons
et le peuple élu tue et détruit. Nous n'osons même pas lui présenter la facture
du montant de ses déprédations.
D'ailleurs, nous nous sommes bien gardés de nous
indigner ouvertement de ce que tous nos éminents dirigeants européens se
soient, comme un seul homme, précipités dans les bras des tueurs en chef et ont
fêté leur exploit en banquetant avec eux dans une mise en scène parodiant la
Cène de notre bien-aimé prophète. Nous avons regardé, sidérés, mais nous
n'avons pas bronché. La vapeur sulfureuse de l'oignon sioniste nous avait
anesthésiés, transformés en zombies décérébrés, domestiqués.
Banquet à Jérusalem des joyeux drilles Berlusconi,
Merkel , Sarkozy, Olmert, le Tchèque Topolanek, Brown et Zapatero le 18 janvier
2009, au moment où les bombes au phosphore pleuvent sur Gaza
Lorsque notre consulat à Gaza a été bombardé et que
toute la famille de notre représentant officiel a été si gravement blessée que
la femme de notre consul a perdu son futur bébé, le magnifique silence de tout
ce qui dans notre beau pays tient une plume ou un micro, ne nous a même pas
surpris. Cette fois, nous avons compris que nous étions définitivement domptés.
Notre gouvernement a d'ailleurs adressé une missive plaintive à notre dompteur
dans laquelle il gémissait sur le "besoin de sécurité" de notre
agresseur.
Un de nos représentants officiels a éprouvé un léger
gratouillis quelque part, souvenir de notre défunte dignité, et a convoqué
l'ambassadeur des bombineurs. Rien n'a filtré de cette réunion et personne n'a
entendu parler de protestation officielle ou de demande de réparations.
6 - Ajout tardif de la volute victimaire
D'aucuns insistent aujourd'hui uniquement sur la
volute victimaire, ajoutée en 1945 à l'ensemble des mythes existants, voulant
faire croire au monde que le l'Etat sioniste a été créé pour la seule et unique
raison de servir de refuge aux victimes rescapées de la deuxième guerre mondiale
et aux héroïques passagers de l'Exodus. Rien n'est plus faux. En effet les
premières actions du mouvement sioniste datent de la fin du XIXe siècle.
Certes, le drame vécu par une population juive
innocente répartie dans tous les Etats européens et qui, d'ailleurs, n'a pas
trouvé auprès de ses dirigeants internationaux, chaudement à l'abri aux USA et
en Angleterre, les secours qu'elle était en droit d'espérer, a accéléré la
création officielle de l'Etat sioniste. Car les grands mamamouchis du sionisme
se sont montrés d'un silence et d'une inertie remarquables durant le nazisme et
certains ont même collaboré avec le racisme hitlérien.
Très influents auprès des gouvernements anglo-saxons
depuis le début du XXe siècle,
l'intervention des grands notables sionistes auprès
des alliés occidentaux aurait pu modifier le cours des évènements - je
reviendrai ultérieurement sur ce point - mais ils s'en sont bien gardés. Leur
objectif n'était pas de sauver des co-religionnaires déjà raflés ou âgés, mais
d'assurer par n'importe quel moyen le peuplement de la Palestine avec des
immigrants jeunes, vigoureux et en bonne santé, comme l'a explicitement reconnu
leur "second Moïse", David Ben Gourion. La panique provoquée chez les
survivants par les persécutions nazies a magnifiquement joué le rôle attendu:
"Le peuplement du pays - tel est le seul sionisme véritable; tout le reste
n'est qu'illusion, verbiage creux et simple passe-temps", clamait Ben
Gourion.
Voir
Chroniques de la Palestine occupée 19 - Le
sionisme, une chutzpah cosmique
Le même Ben Gourion ajoutait: "Si je savais
qu'il était possible de sauver tous les enfants d'Allemagne en les emmenant en
Angleterre, et seulement la moitié en les transférant sur la terre d'Israel, je
choisirais la dernière solution parce que, devant nous, il n'y a pas que le
nombre de ces enfants mais le calcul historique du peuple d'Israel." (Cité
pages 855-56 du Shabtai Teveth de Ben-Gurion dans une version légèrement
différente).
Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la
Palestine
Ce drame a donc permis une installation foudroyante
de la propagande sécuritaire et une manière d'officialisation politique -
d'ailleurs acquise grâce à l'utilisation de moyens quasi frauduleux - par un
organisme international. L'édredon de la déploration est simplement venu
s'ajouter aux tuniques idéologiques déjà bien en place et ne constitue qu'une
annexe mythique supplémentaire, insérée légèrement de biais, dans le grand
ensemble de l'oignon sioniste.
Tranche d'oignon avec ses volutes annexes
Cette tragédie est surtout utilisée de nos jours
comme ADM de premier rang (arme de destruction massive) contre tout opposant à
l'Etat colonisateur et comme moyen de pression et de chantage contre les Etats
européens auxquels il est reproché de n'avoir pas protégé leurs citoyens juifs.
Les mêmes procureurs virulents passent naturellement comme chat sur braise sur
les motivations intéressées de leurs propres meneurs. Ainsi, la population
palestinienne, devenue "chair à brimades et à tortures" - au sens où
on parlait, durant la première guerre mondiale de "chair à canons" -
est la véritable victime de la deuxième guerre mondiale. Elle subit, en effet,
depuis des dizaines d'années un tenace génocide quotidien, larvé et sournois,
opéré avec constance à bas bruit par d'anciennes victimes que l'oignon sioniste
a métamorphosées en impitoyables bourreaux.
7 - Un sadisme institutionnalisé
La pelure religieuse qui enveloppe l'idéologie
sioniste dans sa totalité a permis la création d'un univers clos sur lui-même,
un ghetto psychologique, qui permet à un sadisme social institutionnalisé et à
des formes de cruautés physiques et psychiques spécifiques de s'épanouir avec
une bonne conscience inimaginable dans une société normale, laquelle conserve
quelques inhibitions liées à des réflexes d'une morale naturelle qu'on trouve
même chez les animaux et qui se trouve annihilée dans une société fondée sur un
colonialisme messianique.
Comme l'écrivait Blaise Pascal dans ses Pensées,
"Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que
lorsqu'ils le font par conviction religieuse " (139, 1670).
Seul un gouvernement d'idéologues et de fanatiques
gavés d'épaisses couches idéologico-religieuses peut légitimer que des tortures
les plus sadiques soient exercées sur les innombrables citoyens palestiniens
raflés à la pelle, y compris sur des enfants, et supervisées par les médecins
traîtres à leur serment d'Hippocrate; seuls des citoyens à la tête en forme
d'oignon, appelés "colons", et agissant impunément en hordes
fanatisées, peuvent déraciner ou incendier, sous la protection de "forces
de l'ordre" complices des milliers d'oliviers afin de priver des familles
palestiniennes de leurs maigres ressources et d'effacer la trace de vies et
d'activités antérieures à leur atterrissage sur la terre d'autrui; seuls des
soldats à l'esprit embrumé par les vapeurs pestilentielles de la mythologie
sioniste peuvent trouver du plaisir à lancer la nuit des grenades
assourdissantes à travers des vitres fracassées, à tirer de leur lit de
paisibles villageois palestiniens, puis de vandaliser les maisons les unes
après les autres, pendant que d'autres lascars trompent leur ennui aux check
points en enchaînant pendant des heures, en plein soleil, des hommes ou des
adolescents qui leur auraient "manqué de respect", ou jouent à les
étrangler en pariant sur celui qui résistera le plus longtemps, alors que
d'autres compères encore volent tranquillement des commerçants, s'amusent à
briser des vitrines et autres bagatelles distrayantes de même farine.
C'est pourquoi il faut admirer le courage d'une
poignée de citoyens allergiques aux vapeurs alliacées et qui réussissent à
émerger de la fange sioniste. Ils ont créé l'association "Rompre le
silence" qui en recueillant une masse accablante de témoignages de soldats
sur les horreurs auxquelles ils se sont livrés, ont enfin permis qu'un public,
malheureusement encore insuffisant, découvre la face luciférienne de
"l'armée la plus immorale du monde".
L'administration civile n'est en reste dans le
concours du plus grand cynique et du pervers le plus tordu que se livrent les
divers secteurs du gouvernement sioniste. Ne vient-elle pas de planifier le
déplacement forcé des Palestiniens du Sinaï et, après avoir détruit leurs habitations,
de leur proposer de s'installer sur une puante décharge d'ordures? Les nouveaux
Job condamnés à vivre sur les ordures sionistes et qui, tel le Job biblique
sont abandonnés de tous, n'ont plus qu'à prier pour que les foudres célestes
frappent au coeur cette inhumaine Sodome.
Bédouins palestiniens dont les maisons ont été
détruites, priés de s'installer sur la décharge d'ordures d' Abou Dis
Le sadisme des brimades et des abus, outre le
défoulement d'individus ivres d'idéologie suprématisme, d'un sentiment de
puissance né d'un droit de vie et de mort sur tout Palestinien, assuré qu'il
est d'une impunité quasi-totale ou exceptionnellement sanctionnée par de si
légères sanctions que leur dissuasion est nulle, ce sadisme sans limites,
dis-je, vise à maintenir au-dessus de la tête de toute la population
palestinienne, un gourdin déjà levé, prêt à s'abattre au hasard et selon le bon
plaisir du quidam qui décide d'en user, sur l'échine ou les membres de
n'importe qui. Cette terreur institutionnalisée et encouragée par les autorités
militaires a pour fonction prévue de créer un état de terreur permanente de
nature à pousser à l'exil les habitants originels du territoire dont la seule
présence entrave la réalisation du rêve messianique. [1]
"Je suis la loi, je suis Dieu" ! a lancé
un officier israélien à un groupe de cueilleurs d'olives, qui protestaient
contre des contrôles abusifs et qui, par bonheur, étaient épaulés par des
volontaires internationaux qui ont pu recueillir et faire connaître au monde ces
paroles ailées. [2]
L'armée sioniste n'est donc plus au service de
l'Etat, ni même à celui de Jahvé, elle est Jahvé en action. Comme pour tout
dieu qui se respecte, les décisions de ce dieu-là sont incompréhensibles aux
simples mortels. Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent. Aucun destin,
si négligeable soit-il en apparence, n'échappe à la vigilance de son œil de
lynx. Ainsi, il peut souverainement se pencher sur des destins individuels et
décider qu'un ancien prisonnier âgé de quatre-vingt deux ans et libéré de ses
geôles dans le cadre des échanges du précieux soldat Shalit et après une
incarcération de trente ans, ne pourra retourner chez lui qu'après une nouvelle
peine de bannissement de onze ans. Dieu est prudent et comme il sait que seuls
les sionistes sont génétiquement bons alors que tous les Arabes sont
génétiquement mauvais, un "terroriste" arabe même nonagénaire reste
un terroriste et il devrait remercier le dieu sioniste qui lui fait la grâce de
lui permettre de regagner son foyer lorsqu'il atteindra son quatre-vingt
treizième printemps.
Les institutions divines du sionisme ont pu
démasquer une autre manifestation de la nature vicieuse des Arabes. Elle est
illustrée par cette femme qui pensait pouvoir rejoindre son mari libéré des
geôles dans le cadre du même accord et condamné au bannissement dans un Etat
voisin. Nenni, Dieu veille, même une courte visite peut être dommageable au
précieux Etat sioniste. Ces deux filous n'allaient-ils pas en profiter pour
planter le germe d'un nouveau terroriste? Heureusement Dieu pense à tout et
veille à la précieuse sécurité de son Etat bien-aimé. Sa prudence a évité la
naissance probable d'un nouveau terroriste.
Et c'est ainsi que Jahvé est grand, Alleluïa!
8 - Résistance
Le destin des Palestiniens dépend de leur capacité
de s'immuniser contre les vapeurs de l'oignon sioniste. Parmi ses allyles les
plus perfides, il faut compter ceux qui ont produit ce qu'on appelle
"l'industrie de la négociation". Ses vapeurs vénéneuses ont conduit à
la création sur le terrain, en Cisjordanie, d'un corps officiel de vermines
institutionnalisées tapies dans tous les secteurs de la société: politique,
administratif, économique et sécuritaire.
Ce Président et tous ces ministres sans Etat, ces
conseillers de l'abandon et de la lâcheté, ces spécialistes du néant, ces juges
dépourvus de conscience, ces sbires d'une police au service de l'occupant, ces
industriels sans éthique qui investissent dans la construction de colonies spoliatrices,
toute cette bourgeoisie administrative ou affairiste qui s'enrichit et prospère
sur la misère du peuple, tous ces complices directs et indirects, aspirés par
les mythes du colonisateur, sont objectivement des traîtres à la cause
palestinienne.
Si la résistance de l'Angleterre au nazisme était
légitime, ou celle de la France après quatre ans seulement d'une occupation qui
aurait semblé bien légère aux Palestiniens, combien l'est mille fois plus la
résistance d'un peuple en voie d'anéantissement après plus d'un demi-siècle de
bombardements, d'assassinats, de tortures, de spoliations, de dispersions, de
trahisons. C'est pourquoi l'extrait du discours de Churchill au peuple anglais
lors des bombardements nazis serait la meilleure réponse du peuple palestinien
à l'oignon sioniste et à ses propres compradores:
" Vous demandez : " Quel est notre but ?
Je réponds par un mot : la victoire. La victoire à tout prix. La victoire
malgré toute la terreur. La victoire même si la route doit être longue et dure,
parce que sans notre victoire il ne peut y avoir pour nous de survie, il faut
bien le comprendre, pas de survie. (…) Nous défendrons notre pays quel qu'en
soit le prix. (…) Nous nous battrons dans les champs. Nous nous battrons dans
les rues. Nous nous battrons dans les collines. Nous ne nous rendrons
jamais."
Ces principes sont déjà ceux de l'héroïque combat
des résistants palestiniens. Parmi ses nombreux héros je voudrais rappeler deux
magnifiques figures de femmes. N'oublions pas Dalal Mughrabi, cette très jeune
fille, à peine sortie de l'adolescence et tuée à la tête d'un groupe de
combattants par l'actuel ministre de la guerre, Ehud Barack, alors simple
capitaine, lequel s'est ensuite acharné à piétiner son cadavre.
Dalal Mughrabi
Je termine par un chaleureux hommage à Alham al
Tamimi, heureusement vivante et libérée au cours du dernier échange de
prisonniers contre l'hyper précieux Shalit et après dix années de souffrances
dans les geôles sionistes.
Alham al Tamimi
P.S.
Le 24 novembre 2011, un accord de
"partenariat" a été signé entre le tenant de la résistance et celui
de la collaboration. Il s'agit de la troisième tentative. L'avenir dira si
c'est enfin la bonne et si la nouvelle donne régionale et internationale aura
mis un peu de plomb, durci ou pas, dans les cervelles des larrons complaisants
au colonisateur, après dix-huit ans de la vaine comédie des
"négociations". Nous saurons rapidement si les solennelles
proclamations d'union "dans l'intérêt du peuple palestinien tout entier"
de la part d'une "Autorité" dépourvue de légitimité, de pouvoir et
d'autorité, résisteront au tarissement du pactole et aux menaces diverses
proférées par le colonisateur et par son sponsor d'outre-Atlantique.
*
Notes
[1] Benjamin Barthe : D’anciens soldats israéliens
racontent les dérives de l’occupation à Hébron
[2] Voir: Un officier israélien : "Je suis la
loi, je suis Dieu" !
Bibliographie
Professor Abdel-Wahab Elmessiri:
Mario Liverani, La Bible et l'invention de
l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible
dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard
2002
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois
sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006
Arno J. Mayer, De leurs socs, ils ont forgé des
glaives, Histoire critique d'Israël, Fayard 2009
Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes,
Calmann-Lévy 1887
Douglas Reed, La Controverse de Sion
Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé,
Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010
Avraham Burg, Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus
humaniste et universaliste, Fayard 2008
Ralph Schoenman, L'histoire cachée du sionisme,
Selio 1988
Israël Shahak, Le Racisme de l'Etat d'Israël , Guy
Authier, 1975
Karl Marx, Sur la question juive
SUN TZU, L'art de la guerre
Claude Klein, La démocratie d'Israël,1997
Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent,
Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002
1er décembre 2011